Français et demandeurs d’asile au sein d’un même village du Sud-Ouest, à Saint-Martory, embarqués dans une aventure artistique hors du commun. Ensemble dans ce laboratoire humain vivant, ils créent une œuvre photographique qui témoigne de leur histoire et qui renvoie à l’universalisme de leurs conditions.
“ Les hommes construisent trop de murs, et pas assez de ponts ” Isaac Newton.
NOTE D’INTENTION DE L’ARTISTE
C’est l’histoire humaine de gens, miroir de la France d’aujourd’hui, que l’artiste Patrick Willocq veut mettre en scène. L’histoire d’hommes, de femmes et d’enfants, français et étrangers, amenés à cohabiter ensemble alors qu’à priori tout les sépare géographiquement, culturellement et socialement.
D’un coté nous avons des français en milieu rural. Ils sont 900 dans leur village, confrontés du jour au lendemain à de vrais migrants, comme ceux de Calais qu’ils voyaient à la Télé. Parfois confus par les stéréotypes de la presse (actualités Paris/Nice/ Bruxelles, Cologne, Syrie/Irak et Libye, etc.) et les amalgames en tous genres, ils ont eu peur lorsqu’ils ont su que des migrants allaient s’installer chez eux. Cette peur est passée petit à petit. Mais elle a été réelle. Au total, 100 personnes sont arrivées à partir de juillet 2016 à Saint-Martory et Saint-Gaudens. Le Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile – CADA – a été créé fin 2015 sur décision de l’Etat, suite au démantèlement de la jungle de Calais.
De l’autre côté nous avons les étrangers, des demandeurs d’asile, des personnages « en crise » qui ont fui la violence, l’oppression et la discrimination dans leurs pays d’origine. Attirés par l’image de la France, terre d’accueil – « La France c’est comme au cinéma » dit l’un d’eux – ils ont atterri dans un village comme il en existe tant d’autres en attendant que leur dossier soit analysé par les autorités. Ils ne savent pas pourquoi on a choisi Saint-Martory pour les accueillir mais ils sont heureux d’être ici. Tous ne savent pas encore s’ils vont être acceptés ou refusés, s’ils vont devoir retourner chez eux ou choisir de vivre dans l’illégalité, tenter leur chance ailleurs. Ils essayent de garder raison, espoir, et toute leur dignité.
Patrick Willocq est allé à la rencontre des villageois et des demandeurs d’asile début Mars 2017. C’est en les écoutant, en cherchant le meilleur moyen de raconter leur histoire, en demandant leur participation (français et étrangers seront mués en comé- diens et participeront à la construction des décors) que ce projet est né. Patrick propose ici une nouvelle forme de narration visuelle qui vient contraster avec les stéréotypes ressassés par les médias. Il souhaite donner un visage humain à ces populations, d’ici et d’ailleurs, et livrer ainsi une photographie fraiche et unique. Il ne s’agit pas de naïveté, simplement d’un bel optimisme, un espoir.
Les migrations sont la Crise de notre siècle. Ce projet raconte une histoire universelle, l’histoire de la fraternité entre peuples qui apprennent à vivre ensemble, petit à petit, avec un coup de pouce au travers de ce projet. Saint-Martory est aujourd’hui un village-laboratoire de notre époque car il existe des « Saint-Martory » partout en France, en Europe et dans le monde. Un projet artistique laboratoire. Peut-être un projet thérapeutique ?